MON CHEMINEMENT PERSONNEL D’HUMBLE PRÊTRE DE LA PETITE EGLISE
Par S.E. Monseigneur Jean-Christian VERSTRAET, XIVème Père Spirituel de la Petite Eglise Apostolique et Archevêque Primat.
Sur les routes cahoteuses de mon long cheminement, j’ai rencontré autant de personnages bizarres que d’ornières. Mon attentive curiosité me permit, en récompense, d’éviter ces écueils, sans néanmoins me priver de les contourner, pour mieux en saisir le danger. Ce fut “être là” le plus difficile à accomplir…
Etre un homme, c’est ne rien savoir en venant au monde ; c’est être riche seulement d’une capacité fragile d’apprendre, qui ira vite en s’amenuisant au fil de l’âge, toutes conduites complexes instinctives perdues ; c’est avoir tout à apprendre, pour pouvoir transmettre “LA TRANSMISSION”. Apprendre donc la mort, la découvrir, et souffrir.
En fait, nous devons tout à ceux qui ont oeuvré pour qu’à notre tour nous transmettions ce que nous avions amassé, en y ajoutant si possible le peu que nous croyons valable. Qu’importe ce que nous croyons possible du futur. La parole sera à ceux qui le feront ! Ainsi donc, il nous faut leur faire “DON” de ce que nous avons capté de la vie. Je considère cela comme un devoir SACRE.
Semailles et moissons, tailler et récolter, tel est l’éternel message de la vie à transmettre. Nul ne peut échapper à cette loi. Qui s’écarte de cette simple et rude vérité, commet l’erreur irrémédiable du destin de l’homme sur cette terre.
Laissons aux prédestinés les vertiges des ascensions célestes. Aux champs infinis du VERBE, je n’ai point fait récolte de savantes leçons, tant liées d’intelligences fragiles.
J’ai, d’instinct, seulement cherché le mot caché, susceptible de faire bondir mon coeur et vibrer mon âme. Car seuls ceux-là, ont éclairé ma vie et indiqué mon chemin de pèlerin de l’existence. Je souris à la pensée que je fus le pionnier de moi-même. Il me fallut ouvrir les horizons cachés et savoir pourquoi glaner ma provende. Tu ne seras toi que par toi, me disait mon prédécesseur en Eglise le Père Aimé BAUSIER, XIIIème Père Spirituel de la Petite Eglise. C’est ainsi que, aussi vaillamment que possible, j’ai feuilleté ce qui est offert à l’homme. Il ne s’agissait pas pour moi d’être savant, instruit, érudit, foutaise pour moi ! Il me fallait apprendre pour comprendre.
L’A.B.C. acquis, je pouvais me lancer face à moi-même. Curieuse aventure, tel un saut dans la chaudière de la sorcière. Ce qui, parfois, souvent, me fut cruel à observer, fut cette infatigable vanité des ambitieux, qui, tels des termites, les ronge de l’intérieur. Navrant gâchis, sombrant dans les marais de l’inutile ! Cependant, j’ai soulevé le couvercle, pour retrouver l’air frais et vivifiant, me faisant percevoir la vanité des vanités.
Libéré de cette néfaste pression, je pouvais reprendre le cours légitimé de mes cheminements, qui, dès lors, m’offrirent des horizons d’espérance en l’homme.
Tout me fut désormais, découvertes stimulantes. Nul nid de poule ne me fit trébucher. La difficulté me fut bonheur de relance, car, curieusement, elle fleurissait mon chemin, m’enhardissant en ma quête de VERITE. Capé, en ma simplicité, il m’était facile d’avancer sur les traces du chemin du CHRIST. Je courus certes le risque d’abandonner les routes très fréquentées des aventuriers du spirituel, préférant mon chemin naturel dessiné par le pas des solitaires, retrouvant ainsi la joie de respirer au bonheur de l’effort.
M’ouvrant à l’infini, je me livrai de bonne grâce, à l’imprégnation de tous les horizons, dont le vent porte les messages silencieux. Il me sembla parfois entendre des tonitruances qui m’interpellaient. Comme le temps semble, par humour, suspendre son vol, cela me portait à mieux écouter ces silences si parlants. Trop souvent, seuls les oiseaux, en leurs gazouillis, s’essayèrent en traduction. Là, on prend mesure de notre fragilité humaine, et c’est mieux ainsi ! Au fil des jours, j’eus à assumer certaines charges au sein de notre Petite Eglise. Heureux d’être utile, j’essayais d’être digne de la confiance accordée. Quel aiguillon !
Seule, la rigueur me permit de faire face aux exigences des situations. Des griffes sortirent des mains gantées. Tel fut souvent mon salaire. Mais j’étais heureux d’être sur la bonne voie, tant il est vrai que tout se mérite.
Pendant ce temps laborieux, le paradoxe se mit en route. Il porta au moins le fait d’un solitaire, qui affirmait sa FOI à travers des gestes voulus. Je n’ai point connu les commentaires qui voltigeaient çà et là. Ce fut bien longtemps après, que des échos me vinrent aux oreilles, sous forme d’invitations diverses.
C’est ainsi que des gens ou baptisés que je ne connaissais pas désirèrent me rencontrer. Me souhaitant parmi eux, courtois, je ne pouvais, selon ma devise, qu’“ÊTRE LA”.
Prisonnier de mon seul langage, mon obligatoire silence parla mieux que les mots que j’eusse pu prononcer. Je ne pouvais tromper personne, ni être abusé par quiconque. J’étais toi tout ouïe, pour capter dans le son des mots, la résonance, qui dit mieux que tout ce que chacun porte en lui. Je pouvais, d’un regard, étudier le comportement des présents. Ainsi, j’appris, d’absorption, ce qui était à glaner ou à rejeter.
Au fil des étapes, le silence me forma une assurance précieuse dont je ne pus jamais remercier ces curieux si précieux. Il semblerait que mes passages furent à l’image de St Paul : les organisateurs de mes voyages futurs, là où le silence est plus bavard que quiconque, puisqu’il porte à questions, à commentaires, et à découvrir.
C’est ainsi que je devins le pèlerin missionnaire attendu, mais ravi de découvrir les baptisés, les lieux, les choses et toutes ces atmosphères qui les caractérisent.
Au musée de la vie, je fus le visiteur enchanté, qui sut lever sa coupe au bonheur d’être simplement un chrétien engagé.
De précieuses amitiés se nouèrent, que le temps, sauf la mort ne put effacer.
Sans le vouloir, je devins le prêtre missionnaire sans frontières, joyeusement accueilli, reconnaissant de ces offrandes chaleureuses et spontanées.
Belgique, France, Luxembourg, Angleterre, Ecosse, Allemagne, Italie, Tunisie, Espagne, Portugal et Israël m’ont comblé de leurs splendeurs et originalités.
Sans oublier les personnages venant du Canada, Russie et Roumanie. Si j’ai donné mon cœur à la Petite Eglise, au centuple, je reçus joie et assurance en notre communion de baptisés.
Que parvienne à tous, mon fidèle attachement…